Slack : l’efficacité par la centralisation
Slack a transformé la communication d’entreprise. Canaux thématiques, intégrations, bots, stockage d’historique : la plateforme est devenue un centre névralgique de la collaboration moderne. Mais derrière son ergonomie exemplaire se cache un modèle classique : toutes les données – messages, fichiers, métadonnées, journaux – transitent par des serveurs centralisés appartenant à Slack (aujourd’hui filiale de Salesforce).
Chaque workspace héberge ses échanges sur une infrastructure maîtrisée par l’entreprise américaine, soumise au Cloud Act et aux politiques internes de conservation. Même si Slack chiffre les communications en transit et au repos, le déchiffrement reste possible côté serveur, ne serait-ce que pour l’indexation et la recherche.
Autrement dit, Slack est sûr « à l’intérieur de son propre cadre », mais les utilisateurs doivent lui faire confiance.
iCanText : la confidentialité par construction
À l’opposé, iCanText repose sur un principe radical : aucun serveur ne possède rien. Le service ne s’appuie ni sur un cloud, ni sur une application installée, ni sur une base de données externe. Tout se déroule dans le navigateur, entre pairs, via un maillage chiffré et distribué.
Chaque navigateur devient un nœud du réseau : il chiffre, relaie, et détruit les données une fois la session terminée. Le protocole repose sur un routage en oignon (messages enveloppés de plusieurs couches de chiffrement) et sur des rôles techniques temporaires – les “portiers” – élus automatiquement parmi les utilisateurs pour fluidifier la communication. Ces portiers ne voient ni le contenu ni les métadonnées : le code exécuté est identique pour tous.
Aucun espace de travail n’est hébergé, aucun compte n’est enregistré, aucune donnée n’est stockée. La confidentialité n’est pas un paramètre : c’est la nature même du réseau.
Deux modèles de gouvernance
- Slack incarne un modèle vertical : un fournisseur, un service, un SLA, une interface unique. L’entreprise cliente délègue la sécurité, la maintenance et la conformité au prestataire. Cela assure la disponibilité et l’intégration, mais retire la souveraineté technique sur les échanges.
- iCanText incarne un modèle horizontal : le réseau se construit par les utilisateurs eux-mêmes. Chacun devient une part de l’infrastructure, sans autorité centrale. Il n’y a pas de SLA, mais il n’y a pas non plus de dépendance, ni de risque d’accès administratif aux conversations.
Ce choix de gouvernance traduit deux visions du numérique : Slack fait de la communication un service ; iCanText en fait un bien commun.
Sécurité et surface d’attaque
Chez Slack, la sécurité repose sur la robustesse du cloud (audits, chiffrement, redondance). Mais cette concentration crée aussi une surface d’attaque unique : une compromission, une faille ou une réquisition judiciaire peut exposer des milliers d’organisations.
iCanText disperse au contraire les risques : il n’existe aucun point central à compromettre. Le chiffrement se fait de bout en bout dans le navigateur (ECDH + AES-GCM), et la distribution pair-à-pair empêche toute observation globale du trafic. Même un acteur malveillant intégré au réseau ne voit que des fragments chiffrés, sans pouvoir relier origine et destination.
Usage et ergonomie : la frontière du réalisme
C’est ici que les deux mondes se séparent vraiment. Slack brille par sa productivité : intégrations, bots, gestion documentaire, recherche, notifications unifiées. iCanText mise sur la discrétion : pas d’indexation, pas d’API, pas de stockage – une messagerie éphémère et confidentielle.
Les deux outils ne servent donc pas les mêmes objectifs :
- Slack est un hub de collaboration structuré.
- iCanText est un canal de communication privé et souverain.
L’un s’adresse aux entreprises organisées autour du cloud. L’autre aux organisations qui ne veulent aucune dépendance extérieure, qu’il s’agisse d’une entreprise sensible, d’un cabinet d’avocats, d’une ONG ou d’un collectif citoyen.
Souveraineté numérique et conformité
Slack, comme la plupart des SaaS, héberge les données sur des infrastructures américaines, avec les implications légales que cela suppose. Même les plans “Enterprise Grid” restent soumis aux obligations de divulgation prévues par le droit américain.
iCanText, en supprimant tout stockage distant, neutralise la question : aucune donnée n’est hébergée, aucune requête légale ne peut être adressée à un serveur qui n’existe pas. La conformité devient un effet secondaire du design.
Conclusion : deux philosophies du travail numérique
Slack optimise le travail collaboratif au sein du paradigme du cloud : tout centraliser pour tout rendre fluide. iCanText redéfinit la communication confidentielle en supprimant le cloud lui-même.
L’un répond à la productivité des organisations modernes, l’autre à la souveraineté et à la discrétion de celles qui ne veulent plus déléguer leur intimité numérique.
Ce n’est pas une question de remplacement, mais de finalité : Slack fait collaborer des équipes. iCanText leur redonne le contrôle.