Session : la messagerie anonyme fondée sur la blockchain

Développée par l’équipe d’Oxen (anciennement Loki Project), Session est une évolution du protocole Signal débarrassée de la dépendance aux serveurs centraux. Chaque message y transite par le réseau Oxen, un maillage mondial de nœuds de stockage et de routage opérés par la communauté.

Les utilisateurs ne s’inscrivent pas avec un numéro de téléphone, mais avec une Session ID : une clé publique aléatoire. Les messages sont chiffrés de bout en bout, stockés temporairement dans des nœuds Oxen, et livrés quand le destinataire se connecte. Les métadonnées sont minimisées : le réseau ne sait pas qui parle à qui, seulement que des paquets chiffrés circulent.

En pratique, Session combine :

  • le chiffrement E2E inspiré du protocole Signal,
  • un routage en oignon basé sur des “mixnets”,
  • et une infrastructure distribuée de nœuds financés par le jeton Oxen (blockchain Proof of Stake).

C’est une architecture élégante, mais qui dépend tout de même d’un réseau existant de serveurs communautaires.

iCanText : la messagerie sans infrastructure

iCanText pousse la logique encore plus loin : il n’y a aucun serveur, aucune blockchain, aucun stockage distant. Tout vit dans le navigateur.

Chaque utilisateur devient un nœud éphémère du réseau pair-à-pair, qui chiffre et relaie les messages entre navigateurs via un routage en oignon implémenté en JavaScript. Les rôles (comme les “portiers”) sont distribués et temporaires, désignés automatiquement par l’algorithme. Il n’existe ni nœuds de stockage, ni registres persistants, ni adresses fixes.

Les clés cryptographiques sont générées localement via WebCrypto (ECDH, ECDSA, AES-GCM), et peuvent être détruites à chaque session. Chaque conversation est anonyme, ponctuelle et autodestructible. La confidentialité ne repose sur aucun tiers, seulement sur la structure du réseau lui-même.

Session vs iCanText : deux architectures radicales

CritèreSessioniCanText
ArchitectureRéseau de nœuds communautaires (Oxen)Pair-à-pair direct entre navigateurs
Serveurs permanentsOui, nœuds de stockage (mixnets)Non, aucun serveur
IdentitéSession ID (clé publique persistante)Clé éphémère anonyme régénérable
Découverte / routageMixnet à trois couches (onion)Onion routing adaptatif à N couches
MétadonnéesMinimales, mais passage par nœuds identifiablesAucune : chemins aléatoires entre pairs
Technologie sous-jacenteBlockchain Oxen, PoS, mixnetsWebRTC + WebCrypto, sans dépendance externe
InstallationApplication mobile / desktopAucune, fonctionne dans un navigateur
Stockage temporaireOui (messages différés sur nœuds)Non : échanges en temps réel uniquement
SouverainetéInfrastructure communautaire décentraliséeAucune infrastructure à gouverner
Menaces principalesNœud compromis, analyse de trafic sur mixnetNavigateur compromis, attaque Sybil
Objectif cléAnonymat résilient et persistantAnonymat total et éphémère

Deux stratégies contre la surveillance

Session : la confidentialité persistante

Session assume la nécessité d’une infrastructure pour offrir un routage mondial fiable, compatible avec les messages asynchrones. Les “nœuds de stockage” assurent la livraison même si le destinataire est hors ligne : un avantage pratique sur le plan de l’usage.

Mais cela implique une surface d’attaque résiduelle : les nœuds, même chiffrés, sont identifiables et peuvent être observés. Le réseau Oxen garantit la résilience, pas l’invisibilité absolue.

iCanText : la confidentialité éphémère

iCanText choisit une autre voie : pas de stockage, pas de persistance, pas d’observateur possible. Le message existe uniquement pendant son transit, sur un chemin aléatoire et chiffré entre pairs. Une fois transmis, il disparaît. L’éphémère devient une force : ce qui n’existe pas ne peut pas être volé.

L’expérience utilisateur : adoption vs invisibilité

Session se présente comme une application complète : interface familière, contacts persistants, notifications, appels audio/vidéo, synchronisation multi-appareils. Elle vise un public large, soucieux de confidentialité mais pas forcément technique.

iCanText, à l’inverse, est une messagerie minimaliste et libre de toute inscription. Pas de comptes, pas de numéros, pas de serveurs : on ouvre une page web, on communique, on disparaît. La simplicité est absolue, mais aussi radicale : pas d’historique, pas de sauvegarde, pas de cloud.

Confidentialité : permanente vs totale

Les deux outils atteignent un niveau de confidentialité que peu d’applications approchent. Mais la différence est philosophique :

  • Session garantit une confidentialité durable dans un réseau fédéré et redondant.
  • iCanText garantit une confidentialité totale dans un réseau éphémère et volatile.

L’un cherche la résilience, l’autre l’invisibilité.

Deux générations d’un même idéal

  • Session est la messagerie pour celles et ceux qui veulent un anonymat fort, mais avec un usage fluide et persistant.
  • iCanText est faite pour ceux qui veulent disparaître du réseau après avoir parlé : aucun serveur, aucune trace, aucune persistance.

Les deux se complètent plus qu’elles ne s’opposent : Session construit un monde anonyme et durable, iCanText crée un monde anonyme et fugace.

Conclusion : du chiffrage à l’effacement

L’histoire de la messagerie privée suit une progression claire : Signal a chiffré les messages, Session a caché les métadonnées, iCanText a supprimé les serveurs.

L’une promet que personne ne peut lire, l’autre garantit que personne ne peut savoir.

Dans un monde où la surveillance est permanente, Session protège vos mots ; iCanText protège votre existence.